Depuis le 21 juin dernier, s'est ouverte à Québec l'exposition "Hergé à Québec", au Musée de la Civilisation. J'y suis allé, quelques impressions...
Et bien d'abord, pour tout vous dire, je n’y suis pas allé sans désintérêt. Plus jeune, je fus un lecteur abonné à Tintin, dont Hergé était le dessinateur: elle était de loin, et elle les toujours d'ailleurs, ma bande dessinée préférée. Il n'est pas que l'auteur du célèbre héros à la crête blonde et au fidèle compagnon Milou, mais aussi de: Quick et Flupke; Jo, Zette et Jocko.
Pour ceux qui ont bonne mémoire, en 2007, ce Musée avait tenu une précédente exposition sur Hergé et ce qui avait influencé la création de ses personnage et de son univers créatif (Hergé 007 sur les personnages de Tintin). Cette fois-ci, l’éclairage est plutôt porté directement sur l'auteur: Hergé.
De son vrai nom Georges Prosper Rémi, né en Belgique en mai 1907 dans une ville aujourd'hui en banlieue bruxelloise, Etterbeek. Petit garçon insupportable, ses parents découvrirent que l'un des moyens les plus efficaces à le tenir tranquille était de lui fournir un crayon et du papier pour dessiner. La plus grande influence de sa vie, celle qui imprégnera le plus ses créations: le scoutisme. Jeune garçon, il rejoignit la troupe scoute du collège Saint-Boniface de Bruxelles. Outre les activités physiques, c'est l'environnement ultra-catholique et scout ne le quitteront que jusqu'à tard, à l'âge adulte. Lors des camps d'été, il dessinait. Remarquant son talent, c'est un abbé qui lors d'une réunion scoute lui proposa un poste d'employé à un journal alors peu connu, dont la ligne éditoriale était ultra-catholique et nationaliste, le Vingtième Siècle. Il y illustrera tous les personnages qui firent sa renommée. Un nouveau supplément hebdomadaire destiné à la jeunesse, pour agrandir le nombre de lecteurs: une édition annexe nommée, le Petit Vingtième, le consacra. Les tirages explosant jusqu'à 7 fois lorsque Tintin était du numéro.
C'est au cours des ces aventures illustrées, toujours lors de destinations exotiques: Tintin au pays des Soviets, Tintin au Congo, Tintin en Amérique, Les Cigares du pharaon; que Hergé fit une rencontre décisive. Via un autre abbé qui était aumônier des étudiants chinois, il lui recommanda un jeune Chinois étudiant à l'Académie des beaux-arts de Bruxelles: Tchang Tchong-Jen. Au contact d'un étranger parlant sa langue et partageant la même religion que lui, Hergé compris que ses créations étaient bâclées et truffées de préjugés. Sous son influence, il se renseignera sur chaque pays, les objets, les décors, le parlé: les couleurs.
Tchang, ne sera pas qu'anonyme: il aura son personnage. Dans le récit, sauvé de la noyade par Tintin, il deviendra un protagoniste-clef de l'œuvre d'Hergé. Il participera à deux de ses aventures: Tintin et le Lotus bleu et Tintin au Tibet. Ses deux œuvres les plus personnelles. Il le rencontra d'ailleurs, malade, à la fin de sa vie, sous les lumières des caméras.
Hergé n'a pas été qu'illustrateur dans les journaux. Sa carrière de publicitaire fut longtemps pour lui plus sérieuse, et lucrative, que ses créations jeunesses. Des œuvres qui ont été conservées et qui sont montrées au public. On y reconnaît tout de suite son style, même sans sa signature.
Volet sur lequel l'exposition s'étant peu, tant on en garde une certaine gène: George Rémi n'a pas eu que ses bons jours. Comme ceux de sa génération, il connu les affres des deux Guerres mondiales; et le triste sort de la Belgique d'en servir de terrain de départ. La Première, jeune enfant; la Seconde, adulte. Dans le monde belge ultra-catholique et nationaliste dans lequel il gravitait: il connu Léon Degrelle avant que celui-ci ne fasse de la politique, la publication pour laquelle il travaillait (le Petit Vingtième) connue des heures prospères sous l'occupation, malgré la tutelle de la censure et de la propagande. C'est à cette époque qu'il put faire éditer ses albums pour la première fois en couleur. À la Libération, il fut d'ailleurs suspecté de collaboration avec l'occupant. Il fut par contre blanchit de toutes accusations, car jamais il n'avait exprimé publiquement sa sympathie pour le rexisme et le nazisme et encore moins adhéré à ces mouvements. Personnalité insaisissable, s'il en est une, Hergé n'était pas un collaborateur, ni un antisémite, mais simplement un homme de son époque. Après la guerre, il continua sa carrière et dessina de nouvelles aventures: Les Sept Boules de cristal, Le Temple du Soleil, Tintin au pays de l'or noir, Objectif Lune... Pour notre plus grand bonheur.
Lui qui fonda le célèbre studio qui porta son nom, il sût s'entourer de collaborateurs de premiers plans qui contribuèrent aussi, de leur plume, à donner ses lettres de noblesse à la bande dessinée belge: Johan De Moor, Jacques Van Melkebeke, Edgar Jacobs, mais surtout Jacques Martin et Bob de Moor. Celui à qui l'on reconnaît la paternité de la ligne claire, nous a laissé plus de 230 millions d'albums de Tintin ont été vendus à travers le monde en plus de 90 langues; un artiste mort à l'âge de 75 ans qui marqua le monde du neuvième art : Hergé.
Références:
Photo: Portrait de Hergé, par Andy Warhol (Coll. privée), personnelle tirée de l'exposition Hergé à Québec.
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