mardi 12 mai 2020

Les virus sont les fruits de notre environnement



Je ne comprends pas les réserves des élites occidentales par rapport au port du masque. C'est un essentiel qui va de pair avec le lavage des mains. Ça leur fait penser à la burka? Pensent-ils vraiment que c'est "loser" de mettre un masque? À qui s'intéresse à la pandémie, beaucoup de nouvelles sources sont disponibles. Il y a un tableau qui m'a heurté plus que nombre de courbes et de graphiques, il tient en ceci:

2008: Grippe aviaire
2010: Grippe porcine
2012: SRMO (MERS)
2014: Ebola (#2)
2016: Zika
2018: Ebola (#3)
2020: Covid19

C'est le rythme actuel des dernières épidémies! La même chose que tous les chercheurs que j’ai lu, tous pourraient bien faire les prophètes, toutefois face à ce tableau, on n'est plus étonné que pour eux une pandémie était imminente. La prochaine pandémie, ce n’était pas une question de quand, pas de si. Ce qui m'est apparu comme une espèce d'évidence, mais que je n'avais pas pleinement saisie, c'est que les humains ne sont pas une espèce d’exception au monde animal: les virus sont les fruits de notre environnement. On fait partie d’un tout. C'est seulement qu'aujourd'hui que je comprends vraiment ce qui se passe. Le rythme actuel des épidémies correspond à la cadence effréné de nos sociétés en quête de croissance. Les millions d’hectares de forêts tropicales qui sont rasés chaque année pour faire place à l’homme, pour l’élevage, pour l’agriculture ou pour des mines... Ces populations sont en contact avec la biodiversité qui se trouve dans ces milieux désormais endommagés, donc en contact avec des réservoirs potentiels d’agents infectieux. Dans certains pays, c’est une stratégie de réduction de la pauvreté. Les élevages, tout particulièrement, deviennent de formidables incubateurs. Ces gros élevages industriels sont par définition pauvres en diversité génétique. Ce sont des individus qui systématiquement toutes les mêmes faiblesses. Il ne reste qu'un vol de moustiques ou d'oiseau sans arbre pour se percher pour que les virus fassent le saut à l’humain. Les papillons, les girafes, les koalas: la biodiversité ce n'est pas juste pour faire joli. Il faudrait désormais la voir comme une barrière naturelle contre toutes les saletés qui y grouillent! Comme dans un épisode de South Park, très réussi d'ailleurs. On y revient donc... La protection de la biodiversité, quel travail inachevé! Pas étonnant que des gens disent que notre planète soit malade de nous, les humains.

Alors ici, dans nos pays, il y avait sûrement d'autres spécialistes que les infectiologues qui avait en main ce tableau?! Des recherches pour faire des suivis et de l’évaluation de zoonoses en Afrique ou en Asie: il y a peu de brevets à développer. En ce moment, l’argent, les subventions ne vont qu'aux champions industriels. Du financement pour de la recherche, quels revenus économiques? Quelle croissance? Malheureusement, toujours dans une logique bête: si ça ne sert à rien, alors on peut le couper...il y a des gens qui regardent où couper et ils voient qu’ils ont mis tant de millions de dollars sur quelque chose qui n’a pas servi. Donc au fil des ans, ils diminuent les fonds de prévoyance et, quand une épidémie arrive, il n’en reste quoi? C'était sans doute ce qui a freiné des investissements en prévention. Les gouvernements se retrouvent désormais dans un mode réaction à l'épidémie, alors pourtant que la prévention demeure toujours plus efficace, et moins coûteuse, que la réaction. Certain, comme Kobinger qui a travaillé sur l'Ébola, ils sont étonnés qu'avec un faible taux de mortalité 2%-8%, à quel point la société devient bloquée. En terme de vétérinaire, quand on doit mettre en quarantaine, il n’y a pas de sentiment. Tout cela est évidemment beaucoup plus compliqué chez les humains. Des questions économiques et politiques entrent en ligne de compte; des questions éthiques et légales aussi. Avec quels protocoles? On est en absence de protocole, carrément, oui! Qu’est-ce qu’on fait si un virus a 2 % de mortalité? Qu’est-ce qu’on fait s’il a 50 %, comme l'Ébola? Qu’est-ce qu’on fait si la population qui est principalement affectée est les moins de 5 ans? Sans un protocole déjà établi, comment accélérer une réponse clinique? Le cercle vicieux s'emballe... Ce qui a poussé à trop d’improvisation dans la réponse de chacun des pays. Sans parler de leur superbe coordination pour du matériel médical... Qu'est-ce que ce sera lorsqu'il y aura un vaccin?


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