Dans une série de trois billets sur les petites forces insoupçonnées de
la Nature qui peuvent transformer notre monde, en voici le second: les glaciers.
Chewang Norphel, ingénieur civil à la retraite, aujourd'hui âgé de plus de 80 ans, il a eu l’idée en 1987 de créer les premiers glaciers artificiels au Ladakh. Son travail a été salué par des prix internationaux et l'Inde l'a surnommé « Iceman » et « l'Homme des glaces ».
Le Ladakh, ce «Petit Tibet», un haut plateau himalayen du nord de l'Inde. C'est en fait un désert de rochers et de terres arides qui s'étend. Immensité sauvage, mais contrée stérile.
Sonam Wangchuk, à 49 ans, lui aussi est ingénieur, il reprend désormais les traces que lui a laissé son maître. « Je veux offrir une réponse himalayenne à un problème himalayen », résume-t'il. L'étendue hostile qui l'entoure, il la connaît, enfant du pays. Comment le reverdir?
L'idée est simple, mais la réaliser est compliquée; comme beaucoup de choses dans la vie, me direz-vous. « Quand j'étais enfant, l'abondante neige d'hiver renouvelait les glaciers, raconte Sonam Wangchuk. » Il faut reconstituer aux sommets des montagnes les anciens glaciers qui ont tous fondus: rayés de la carte par le réchauffement planétaire. Cette reconstitution n'est qu'une étape, le démarreur offert à la Nature de reprendre ses droits. En créant des mini-glaciers artificiels en l'altitude, en ruisselant au printemps, l'eau issue de la glace fondue permettra à la végétation de pousser, tout autant que d'irriguer les champs des paysans. Les plantes retiennent également l'eau dans le sol. Et par une autre force, par évaporo-sudation, elle produise leurs propres nuages et la pluie. Vous l'aurez compris, Chewang Norphel et Sonam Wangchuk veulent recréer le cycle qui avait donné la Vie à la Nature de leur pays.
Pour cela, d'abord il a déjà réalisé l'exploit l'an dernier de détourner l'eau du ruisseau situé sur les hauteurs, acheminée par des conduites souterraines, l'eau jaillit en fontaine et gèle immédiatement au contact de l'air, sur un dôme couvert de branchages. Un concept pyramidal pour limiter l'exposition au soleil; et la glace fond cinq fois moins vite. La glace forme peu à peu un cône gigantesque qui ressemble à une superbe sculpture de glace: un stupa de glace, comme il l'appelle affectueusement. ...Et pragmatiquement, car il a fait appel aux moines bouddhistes locaux pour l'aider. Et l'armée indienne lui a prêtée également main forte.
Pour y parvenir, Sonam Wangchuk a dû lancer un financement participatif sur Internet, dans ces montagnes où la connexion relève de l'exploit. Il a récolté 119 500 dollars. Grâce à cette irrigation, 5 000 arbustes ont été plantés au printemps dernier sur une parcelle du désert qui appartient à ces moines de Phyang.
En 2001, il avait été nommé « homme de l'année » en Inde par le magazine The Week. Désormais, avec quatre disciples, ils ont pour objectif d'implanter à Phyang un cycle de 90 stupas de glace. En attendant la réalisation du vrai rêve: le retour des glaciers naturels.
L'Indien qui voulait construire des glaciers dans l'Himalaya
L’Himalaya de demain avec Sonam Wangchuck
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