Avez-vous déjà entendu parlé des drones? Sans doute dans un film d'action où ils sont souvent mis en valeur visuellement ces derniers temps. Présentés comme des outils ultra-technologiques, infaillibles pour traqués l'ennemi?
Outils complémentaires aux satellites espions, utilisés majoritairement comme vecteur de destruction des groupes terroristes, mais aussi comme moyen d'écoute et de renseignement visuel, ces avions sans pilotes permettent de survoler une zone durant des heures.
Combien de pays possède des drones: plusieurs dizaines maintenant. Mais combien de pays les utilisent sciemment pour de l'assassinat ciblé? Un seul: les États-Unis. Qui est l'homme derrière qui prend les responsabilités, de superviser personnellement la guerre de l'ombre avec Al-Qaïda ? C'est le lauréat du prix Nobel de la Paix, Barack Obama. Ses plus proches conseillers ne peuvent aussi ne pas passer sous silence ce paradoxe: ils décrivent leur chef qui travaillait avec le corps législatif afin de fermer le centre de détention de Guantánamo Bay, à Cuba, mais en même temps qui approuve l'action létale des drones sans trembler des mains. Ses plus proches conseillers disent de Barack Obama, qu'il est un réaliste qui n'a jamais été emporté par sa propre rhétorique. Au lieu de cela, il mettait déjà son esprit de légiste à se tailler le maximum de marge de manœuvre pour lutter contre le terrorisme, comme il l'entend.
Innocents jusqu'à preuve du contraire?
"On assista à un renforcement des pouvoirs de l’État
qui furent concentrés entre les mains du seul Comité."
Combien d'individus ont été tués, sur quelles justifications sont-ils sélectionnés et quelles mesures sont prises pour épargner la vie des civils? Des membres de la Chambre des représentants et du Sénat américain ont bien demandé ces derniers temps que l'administration Obama en dise plus, sur la justification légale, sur la capacité du président à exécuter des citoyens de tous les pays (et peut-être pour faire bonne mesure?) aussi des Américains: tous soupçonnés d'activité terroriste et sans jamais les citer comparaître à un procès. La présidence américaine n'a pas l'intention de montrer publiquement les décisions de justice qui justifient son utilisation de drones pour tuer des citoyens américains ou d'ailleurs, en dépit de ces demandes insistantes. Mais elle n'est pas avide de commentaires lorsque les qualifiant: "d'ordonnées, de réfléchies et de prudentes", "effectuées dans le plus grand respect des lois", "éthiques et morales". Mais en vérité, tout commence par une "opinion légale", soit un avis favorable transmis par les avocats du ministère américain de la justice et contenant en moyenne une cinquantaine de pages servant à justifier la signature présidentielle pour valider chacune des attaques par drones. Cette opinion, il faut souligner le mot, donne la permission au président Obama de décider de l'assassinat d'individus ciblés, la fameuse killist qu'il signe chaque semaine, sur ces recommandations. Sur ces actions, il fait valoir que le gouvernement a le droit de procéder à l'exécution extrajudiciaire de tout citoyens, américain ou pas.
Des citoyens protégés par les lois?
"La loi simplifia à l’extrême les procédures
de mise en accusation et supprima toute défense,
et elle instaura une série d’exécutions massives."
Autre exemple, depuis 2002 le ministre de l'intérieur britannique est en mesure de retirer le passeport de n'importe quel ressortissant du pays détenteur d'une double nationalité. Pourquoi? Seulement sur la base d'un acte "sérieusement préjudiciable" accompli par celui-ci. C'est là-bas le ministre de l'intérieur qui en prend la décision. Le gouvernement procède aux retraits de passeports quand les individus sont en dehors du territoire, parfois en vacances. Cela rend encore plus complexe à ces personnes déchues de leur citoyenneté leur tentative de faire appel auprès du ministère. D'autant qu'il apparaît, que ces personnes meurent à la suite d'attaques de drones américains. Comme cette histoire où l'un d'eux a été visé en Somalie, juste après avoir appelé sa femme au Royaume-Uni pour la féliciter de la naissance de leur premier enfant. Les forces américaines ayant pu connaître la position précise du père de famille grâce à l'appel qu'il avait passé à sa femme.
Des avions sans pilote?
"La terreur par le drone."
Une guerre de robots? Les drones sont sans pilotes à bord, mais ils sont pilotés par lien satellite par des soldats spécialement entraînés à ce type d'arme. Celles-ci sont télécommandées à partir de: 7 bases militaires sur le territoire américain, des bases de l’étranger (Pakistan, Somalie, Yémen, Djibouti). La CIA n'est pas en reste, elle le fait directement depuis son siège de Langley, dans l’Etat de la Virginie.
Soit dans leurs bureaux ou de leurs containers, sans fenêtres, à température constante pour refroidir les ordinateurs et dont la porte est condamnée par mesure de sécurité: il s'active toujours deux pilotes. Devant leurs yeux scintillent plusieurs écrans, des joystick, des claviers, c'est leur cockpit. Les images d’une caméra infrarouge orientée vers le sol sont transmises par satellite et apparaissent sur le moniteur avec un décalage de deux à cinq secondes. Dans le réticule du drone, une maison en terre battue, avec une étable pour les chèvres. Lorsque l’ordre de faire feu tombe, on marque le toit au laser, et le co-pilote déclenche le tir. Il suffit donc qu'un homme presse un bouton, par exemple, du Nouveau-Mexique, pour qu’un autre homme meure à l’autre bout de la planète à 10 000 km de là.
Soit dans leurs bureaux ou de leurs containers, sans fenêtres, à température constante pour refroidir les ordinateurs et dont la porte est condamnée par mesure de sécurité: il s'active toujours deux pilotes. Devant leurs yeux scintillent plusieurs écrans, des joystick, des claviers, c'est leur cockpit. Les images d’une caméra infrarouge orientée vers le sol sont transmises par satellite et apparaissent sur le moniteur avec un décalage de deux à cinq secondes. Dans le réticule du drone, une maison en terre battue, avec une étable pour les chèvres. Lorsque l’ordre de faire feu tombe, on marque le toit au laser, et le co-pilote déclenche le tir. Il suffit donc qu'un homme presse un bouton, par exemple, du Nouveau-Mexique, pour qu’un autre homme meure à l’autre bout de la planète à 10 000 km de là.
Dans les lectures proposées ci-bas, il y a une histoire fascinante, celle d'un vétéran des drones, un dénommé Brandon Bryant. Il se raconte. "Je me sens tellement mort. Je voudrais que mes yeux se décomposent." Les médecins lui ont diagnostiqué un syndrome post-traumatique. Sa petite amie vient de rompre. Mais lorsqu'il était encore pilote de drone, il observait certaines personnes pendant des semaines, ceux qui figurent sur une liste parce que l’armée, les services secrets ou des informateurs présents sur place savaient quelque chose à leur sujet. "J’apprenais à les connaître. En été, de nombreux Afghans dorment sur leur toit, à cause de la chaleur. Je les voyais faire l’amour. Ce sont deux points infrarouges qui fusionnent." Jusqu’à ce que quelqu’un placé plus haut dans la hiérarchie donne l’ordre de tirer. Le fait de priver des enfants de leur père lui a donné mauvaise conscience. Brandon se remémore ses dernières batailles. Brandon voyant une lueur sur l’écran, l’explosion. Des pans du bâtiment s’écroulaient. Un enfant qui disparu. Brandon eu l’estomac noué. "On vient de tuer un enfant?" demanda-t-il. "Je crois que c’était un enfant", lui répond le pilote. "C’était un enfant" continuèrent-ils de s’interroger. Quelqu’un qui se trouvait quelque part dans un poste de commandement de l’armée et qui a suivi leur attaque: "Non, c’était un chien." Un chien sur deux jambes?
L’espoir d’une guerre confortable, sans séquelles psychologiques? Prise de décision mécanisée, automatisation accrue des systèmes de repérage et de destruction: Ernst Jünger y répondrait, comme de son époque... "Un dégoût me prend, devant les uniformes, les épaulettes, des épées, des médailles, de tout ce dont j'ai tant aimé l'éclat. La vieille chevalerie est morte; les guerres modernes ne sont plus menées que par des techniciens."
Conclusion
Dans la loi américaine, il y est reconnu certaines limites à l'autorité qu'elle énonce, mais les limites sont élastiques et vaguement définies, et il est facile de voir comment ils peuvent être manipulés.
Des telles lois ne peuvent-elle que renforcer le sentiment de non-appartenance nationale pour des citoyens nés ailleurs et issus de minorités? La première étape vers le retour du bannissement cette pratique que les Grecs et les Romains utilisaient contre leurs citoyens indésirables?
Un jour, en 1961, l'État d'Israël a enlevé Adolf Eichmann, caché en Argentine, c'était un des acteurs de premier rang de la Solution finale, pour le citer à procès à Jérusalem. Aujourd'hui aurait-il été simplement supprimé à l'aide d'un drone? Quelle justice un drone?
Des lectures!
États-Unis : machines volantes contre terroristes
Obama moves to keep kill list memos secret forever
Des citoyens britanniques privés de passeports puis tués par des drones américains
Striking Al Qaeda
Secret ‘Kill List’ Proves a Test of Obama’s Principles and Will
Un ancien "pilote" américain raconte
Au Sahel comme ailleurs, l'usage du drone armé est-il légal et éthique ?
La CIA et au Pentagone sont mis en oeuvre les attaques utilisées à déjà plus de 400 reprises, soit une moyenne d'une attaque de drone tous les 4 jours. Si elles épargnent la vie des pilotes, elles ont causé quelques 4700 décès: des "terroristes présumés" et victimes "collatérales", civiles. Afghanistan, Mali, Pakistan, Somalie, Yémen... "Le Pakistan c'est loin!" Pourtant 348 drones sont actuellement en service au-dessus du territoire des États-Unis à des fins d’observation pour: la défense, la police ou...des recherches universitaires: synonymes de sécurité?
Dans la loi américaine, il y est reconnu certaines limites à l'autorité qu'elle énonce, mais les limites sont élastiques et vaguement définies, et il est facile de voir comment ils peuvent être manipulés.
Des telles lois ne peuvent-elle que renforcer le sentiment de non-appartenance nationale pour des citoyens nés ailleurs et issus de minorités? La première étape vers le retour du bannissement cette pratique que les Grecs et les Romains utilisaient contre leurs citoyens indésirables?
Une conclusion possible face à ce "pragmatisme sur l'idéologie"? Je préfère ici laisser la place à un grand historien anglais qui a beaucoup écrit sur l'histoire du catholicisme, de Christopher Dawson : "Dès que les hommes décrètent que tous les moyens sont bons pour lutter contre le mal, leur notion du bien se confond avec le mal qu'ils cherchent à détruire."
Des lectures!
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