lundi 9 mai 2011

De l'avenir de la démocratie au Canada

Qui réclame la fin du financement public des partis politiques au Canada?

Suite aux résultats des élections du 2 mai au Canada, les réactions ont été partagées entre les deux solitudes. Du côté du Québec, tout un chacun a évoqué sa surprise quant au déferlement de "la vague orange"; au Canada anglais, la réaction a été celle du triomphe sur un vieil ennemi: le Bloc Québécois. Les grands journaux anglophones réclament que la promesse du parti de Stephen Harper promettant  l'abolition du financement public des partis figure comme sa première priorité de son nouveau gouvernement. À entendre le Calgary Herald: «Harper doit utiliser sa majorité parlementaire pour guérir une nation divisée». Le Toronto Sun et le Calgary Sun (propriétés de Sun Media), ont publié des éditoriaux demandant à Stephen Harper d'achever le Bloc québécois. Pour ces auteurs (anonymes selon la tradition éditoriale des quotidiens anglophones), il est nécessaire de donner «le coup fatal» au Bloc en abolissant le financement public des partis politiques. Est-ce que cette majorité parlementaire rend légitime d'écraser ses adversaires?

L'État verse aux formations politiques un financement annuel de 2$ par vote recueilli de la dernière élection. Le financement des partis est donc bénéfique à toutes les entités politiques, il y en a 18 en tout au Canada, dont voici la liste:

Le Parti Vert du Canada
Nouveau Parti démocratique
Bloc Québécois
Parti conservateur du Canada
Parti libéral du Canada
Animal Alliance Environment Voters Party of Canada
First Peoples National Party of Canada
Parti action canadienne
Parti communiste du Canada
Parti de l'Héritage Chrétien du Canada
Parti Libertarien du Canada
Parti Marijuana
Parti Marxiste-Léniniste du Canada
Parti Pirate du Canada
Parti Progressiste Canadien
Parti Rhinocéros
Parti Uni du Canada
Western Block Party


Sans la prise en charge de l'État, est-ce que le NPD aurait pu se faire connaître auprès des électeurs du Québec? Ou le Parti Vert...Ou même le Parti Conservateur, alors qu'il était en faillite suite à la débandade du dernier gouvernement Mulroney et qu'il était dirigé par un certain Jean Charest? Ont-ils la mémoire courte? Tout ces partis ont émergés des cartes électorales et ont pu gagner en crédibilité grâce à ces apports financiers qui les ont aidé à se consolider.

Jean Chrétien, dont le gouvernement a mis en place ce système, l'a d'ailleurs défendu avec ardeur. Il a évoqué les risques de dérives aux États-Unis, où les partis politiques doivent recueillir des sommes colossales pour faire campagne (des milliards!). Ce système fait en sorte que les partis peuvent s'en sortir, même si les dons privés ne sont pas au rendez-vous, ce qui favorise les formations proches des moins nantis: «Je ne vois pas pourquoi on se débarrasserait de ça, a-t-il dit. Et ça va favoriser qui? Ça va favoriser ceux qui ont plus d'argent. Supposons que des pauvres voudraient avoir un parti politique, ils n'auraient pas de moyens de le faire.»

Pourquoi vouloir rabattre le caquet à tous les partis politiques au seul nom du Bloc Québécois? Tous les partis politiques ont besoin de ces subventions. Comment le Parti libéral du Canada renaîtra de ses cendres? Comment le NPD pourra durabiliser sa voie de légitime opposition officielle? Comment le Parti Vert gagnera la même crédibilité qu'il a en Europe? L'arrogance du plus fort?

À la question, qui réclame la fin du financement public des partis politiques au Canada, et qui en bénéficiera? Quel est votre réponse?



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