mercredi 2 février 2011

Le gaz de Schiste...quand les bulles sortent du trou - Le complot

Nous entendons beaucoup parler du gaz de schiste depuis quelques mois. Il est donc important d'avoir un topo d'ensemble. Le Grand Algorithme vous fera donc un plaisir d'en faire la couverture en 3 sujets (L'OrigineLe poison et Le complot).

Pouf, les bulles sortes comme de bouteille de Champagne...

Et qui le sabre le Champagne? Et bien, ils sont beaucoup à boire à la bouteille. Tout à commencé avec le gaz...pas de schiste, celui que les géologues ont trouvé dans les années 60, celui des hommes d'affaires et en particulier d'André Caillé alors à la tête de Gaz Métropolitain.


L'utilisation d'Hydro-Québec comme plateforme de lancement

1996. André Caillé quitte son poste de PDG chez Noverco, la société d’investissements qui contrôle Gaz Métropolitain, pour prendre la direction d’Hydro-Québec alors qu'il est nommé par Lucien Bouchard alors Premier Ministre (nous reverrons ce nom plus loin). Près de 3 mois plus tard après son accession à la tête du Conseil d'administration d'Hydro-Québec, (le 1er janvier 1997) Gaz Métropolitain est acheté par la société d'État.

André Caillé recruta des cadres de Gaz Métropolitain et les plaça à des postes stratégiques dans la structure de la société d'État, comme:
  • André Boulanger qui devint président d’Hydro-Québec Distribution
  • Thierry Vandal, qui devint d'abord président d’Hydro-Québec Production, et ensuite président des Opérations, et pour finir, est aujourd'hui le président du Conseil d’administration (lire Thierry Vandal succède à André Caillé).
Et André Caillé a une stratégie en tête, une fois son équipe en place, il fait licencier la moitié des chercheurs de l'IREQ (Institut de recherche en électricité du Québec), vendit des filiales d'Hydro-Québec au secteur privé et renonça à tout nouveau chantier hydroélectrique: seuls les projets de mini-centrales privées furent mis de l'avant. Pourquoi? Était-ce pour lentement organiser une pénurie de production hydroélectrique pour justifier l’introduction de la production de l’électricité par le gaz? Toujours est-il qu'il planifia la construction de 12 projets de centrales au gaz naturel (comme le Suroît) et le projet de port méthanier Rabaska.

Entre-temps, changement de gouvernement. Jean Charest est élu en mars 2003. Neuf mois plus tard, Stéphane Bertrand (nous reverrons ce nom plus loin; ancien vice-président de Gaz Métropolitain) est chef de cabinet du premier ministre et il pilote le dossier de la construction de la centrale de production de l’électricité au gaz, le Suroît...Comme on le sait, les oppositions et les frondes se firent grandes ...Si des 12 projets 11 sont morts, il en resta 1 qui survécu: la centrale de Bécancour. Ce dossier passa notoirement sous silence. Alors que de choisir la transformation de la centrale publique de Bécancour au coût de 120 millions $, il favorisa la construction (juste à côté) d’une centrale privée au gaz naturel, propriété de TransCanada Energy (compagnie albertaine). Cette centrale construite avec des fonds publics, est plus ou moins fermée jusqu’en 2013 à cause des surplus d’électricité et n’opère que de 30 à 40 heures par an...Mais nous, les citoyens nous devons payer pas moins de 1 milliard $ en compensation à TransCanada Energy. Mais plus que l'indignation, ce qui est curieux, c'est que cinq jours avant que SNC-Lavalin ne débuta la construction de la centrale de Bécancour, laquelle sera approvisionnée par Gaz Métropolitain (bien sûr), Hydro-Québec vendit ses parts de Gaz Métropolitain à: SNC-Lavalin, à la Caisse de Dépôt et au Fonds de solidarité de la FTQ. Ainsi en 2004, ce fut la fin de Gaz Métropolitain  à l'Hydro-Québec: début d'un nouveau chapitre. Le temps de se refaire une beauté, Gaz Métropolitain avait adopté un nouveau logo et un nouveau nom, elle se nommera désormais : Gaz Métro. André Caillé quitta la société d'État peu de temps après, tout n'a pas marché comme il le voulait, ce n'est que partie remise.


Comment l'industrie gazière a politisé son état major?

Comment alors faire prendre la place par l'industrie gazière, et bien avec une vieille recette bien connue: copiner avec le pouvoir. Cela se fit graduellement, il fallait s'assurer que les amis restés à l'Hydro finissent le travail en démantelant l'organisation d'Hydro-Québec alors qu'elle se voit retirer le développement du pétrole et du gaz du Québec. Le gouvernement Charest fit aussi dissoudre la Société québécoise d’initiatives pétrolières et cèda gratuitement tous les droits d’exploration d'Hydro-Québec sur le territoire québécois à trois entreprises dont les noms sont à retenir:

  1. Pétrolia (curiosité: le siège social est à Rimouski, mais la propriété revient à Saeed Yousef un résidant de Dubaï);
  2. Gastem;
  3. Junex.

Et Hydro-Québec se defait aussi de 35 permis d'exploitations couvrant 400km carré sur l'Île d'Anticosti à Pétrolia et à Corridor Ressources, 5 ans à peine après la découverte de structures géologique pétrolifères.

Mais que devient notre Monsieur Caillé dans tout cela? Mais il est conseiller senior chez Junex et siège au conseil d'administration. Il devint président de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) dès sa fondation, dont le vice-président est Raymond Savoie (ancien ministre libéral) et administrateur de Gastem.

...Et là, beaucoup de noms déboulent, comme:

  • André Ryan, l’avocat de Jean Charest à la Commission Bastarache, en plus d'être le président de la Commission juridique du PLQ, il a participé à la création de l’APGQ;
  • Stéphane Gosselin, précédemment nommé, est le directeur général de cette association;
  • Martin Daraiche, ancien conseiller aux affaires juridiques et politiques du bureau de Jean Charest et est l’ancien attaché politique de Nathalie Normandeau, il s'occupe maintenant des relations publiques de l’association;
  • Daniel Gagnier, un autre ancien chef de cabinet de Jean Charest est recruté par la société d'énergie albertaine Talisman comme son lobbyiste;
  • Jean-Pierre Ouellet, un libéral influent nommé au conseil d'administration de la Caisse de dépôt par le gouvernement Charest, devint également conseiller de Talisman.

Les effets pour les citoyens

Tout ça pour conclure que ce que ne veulent pas les compagnies de gaz qui prospectent sans barrière notre territoire, c'est d'un moratoire. Il est bon notre gaz, même si nos gisements sont petits, il est très "propre": il contient si peu ou pas de souffre il pourrait être ainsi être acheminé directement au gazoduc sans passé par le raffinage. Ils ne veulent pas perdre leurs investissement et veulent garder la pression. Ainsi, comme le Grand Algorithme est friand d'allers et venues, Lucien Bouchard remplace maintenant André Caillé à la tête de l'APGQ qui a échoué à nous "informer" sur le gaz de schiste, à le vendre à la population. Le but est simple, se servir d'un ancien Premier Ministre bien connu des partis d'opposition...pour la faire taire.

Cui bono? Pourquoi la ministre Nathalie Normandeau avoue-t'elle avoir un «préjugé favorable» à l’endroit de l’industrie du gaz de schiste? Pourquoi ne s'inquiète-t'elle pas des fuites de la majorité des puits alors qu'ils ne sont même pas encore en exploitations? Pourquoi aux États-Unis un hectare gazier se vend-il 28 000$ pour forer votre sol ou qu'au nord de la Colombie-Britannique le gouvernement reçoit-il des revenus de 4 000$ à 10 000$ l'hectare qu'alors au Québec...c'est gratuit? ...Ou au mieux, 10¢ l'hectare? Pourquoi les compagnies gazières ont-elles en plus des congés de redevances? Pourquoi vendrions-nous notre territoire à rabais avec autant d'effets néfastes sur l'environnement? Parlez-en au gens de Shannon qui ont vu leur eau contaminé et qui sont atteints de cancers à cause du gouvernement canadien (Eau contaminée de Shannon: les procédures seront longues). Qui a le plus a gagné? Qui a le plus à perdre? Qui empochera les millions de dollars extraits de notre sol aidés des pantins d'un régime? Qui payera le prix?

...Voyez-vous venir la suite?





1 commentaire:

  1. Wow, quel article ! Merci Alex de nous rendre l'information ainsi accessible en nous en faisant un résumé. Beau travail !

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